Un repos interrompu [libre]

Djahina était arrivée depuis quelques instants dans la Cité de Deïmos mais elle ne pensait qu'elle y arriverait en même temps que le froid qui commençait à se manifester de plus en plus dans les environs. Même le manteau qu'elle avait pu récupérer il y a quelques jours ne lui tenait pas suffisament chaud et elle ne pouvait s'empêcher de frissonner à chaque fois qu'elle ressentait un léger souffle glacial du vent. Quelle idée elle avait eu de continuer à voyager alors que le temps se modifait considérablement et que le grand froid n'allait pas tarder à faire son apparition? Elle aurait pu tout aussi bien rester dans la précédente cité et y rester le temps que l'atmosphère s'adoucisse un petit peu avant de reprendre son voyage. Mais comme toujours, la jeune femme n'en faisait qu'à sa tête et avait jugé qu'il y avait encore une occasion de partir maintenant au lieu d'attendre. Heureusement, après une longue chevauchée qui avait durée une partie de la journée, la grande ville s'était montrée en vue et Djahina était sûre qu'elle allait pouvoir s'y reposer un long moment, bien qu'elle se doutait qu'il allait encore se passer un accident.

En effet, malgré le collier qu'elle portait autour de son cou et qui semblait empêcher le démon qui vivait en elle de se montrer et de commettre des désastres, Djahina savait qu'il était là et que rien ne l'empêchait pour autant de faire un peu partie des crises de colère de la jeune femme. Par exemple, pour l'histoire du manteau, le vendeur a été très convaincu que s'il osait l'arnaquer, il se retrouverait rapidement avec une flèche dans la gorge ou dans la tête, il avait même baisser le prix pour faire satisfaction à Djahina qui n'en était pas si contente que cela. Tuer n'était pas ce qui lui faisait le plus plaisir mais étant porteuse de la malédiction de l'éclipse, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être différente par moment, malgré qu'elle voulait tout faire pour être quelqu'un comme les autres. Elle savait pourtant que cette malédiction faisait justement toute la différence et que jamais elle ne pourrait ressembler aux autres, quand bien même elle le souhaiterait plus que tout. Le démon sera toujours la barrière entre le caractère qu'elle se forgeait pour que personne ne sache son secret et le caractère qu'elle aurait possédé si cette malédiction n'avait jamais existé.

Les sabots de Sand, sa monture, claquaient en silence sur la pierre qui se couvrait déjà d'un mince tapis de neige et dont quelques flocons tombaient encore du ciel devenu noir. La soirée débutait à peine que déjà, les rues étaient vides et dépourvues de la moindre vie: les habitants devaient sûrement être chez eux devant le feu ou d'autres se trouvaient sans doute dans la taverne. C'était justement l'endroit où Djahina tenait à se rendre bien qu'être entourée de personnes qui lui sont inconnues lui déplaisait fortement, surtoût qu'elle n'ignorait pas que des hommes seront présents là-bas aussi. Bon sang, si elle n'avait pas enduré pendant plusieurs années le comportement de son père ainsi que la mort de sa mère dont elle avait été témoin, les choses n'auraient jamais été comme elles l'étaient désormais. La jeune femme aurait pu vivre une existance normale, elle aurait vêcu avec ses deux parents, sans qu'il ne soit question de malédiction ou quoi que ce soit. C'était justement à cause de son père que la malédiction s'était réveillée et que cela aurait pu ne jamais arriver s'il ne s'était pas comporté de la façon qu'il avait choisi de faire.

Djahina décida de ne plus penser à cela, jugeant qu'elle avait suffisament broyé du noir depuis toutes ces années et qu'il était temps maintenant qu'elle oublie un peu. Elle ne peut certes pas oublier que le démon de la malédiction de l'éclipse était présent et qu'il pouvait à tout moment ressurgir, sans oublier non plus que la jeune femme ne se laissait pas aussi facilement approcher par les hommes, dont elle éprouvait une certaine peur, plus que de la colère en fait. Après ce qu'elle avait vêcu, il n'était pas étonnant qu'elle les craigne et elle ne pouvait se sentir à l'aise que chez les femmes, bien qu'elle gardait une certaine méfiance, que cela soit pour les femmes comme pour les hommes. Les choses étaient bien difficiles et différentes dès maintenant et Djahina n'allait pas avoir le choix étant donné qu'elle était maintenant devenue un chasseur et qu'elle allait devoir faire équipe avec des gens qu'elle ne connaitra pas. Qui sait, peut être qu'elle parviendra à s'entendre avec certains d'entre eux, quand bien même il lui faudra travailler en équipe avec des hommes ou même avec des femmes. Il faut juste souhaiter que le démon n'intervienne pas dans ses missions, sinon sur les personnes à éliminer ou autre.

Djahina mit pied à terre lorsqu'elle trouva enfin la taverne qui se faisait appeler la Taverne Rouge et dont les bruits de musique et de rires se faisaient entendre à l'extérieur. La jeune femme alla d'abord installer son cheval à côté de la taverne, où il sera à l'abri du froid et de la neige puis elle rentra dans la taverne, non sans éprouver une certaine hésitation mais qu'elle écarta rapidement. En rentrant dans la bâtisse, Djahina en avait profiter pour retirer la capuche de son manteau, découvrant son visage aux traits délicats ainsi que ses yeux noisette et ses longs cheveux châtains bouclés. Heureusement pour elle, personne ne s'était rendu compte de son arrivée et elle put s'avancer dans la taverne sans qu'un seul regard soit posé sur elle. L'ambiance était en fête et la taverne était presque pleine, le bar étant bien mieux rempli par les clients que les tables et la grande présence d'hommes gêna beaucoup la jeune femme. Si cette phobie n'avait pas été aussi accentuée, Djahina aurait pu s'y faire mais en ce moment, elle faisait de son mieux pour les éviter le plus possible et de ne pas succomber à l'envie de s'enfuir de la taverne et de ne pas y retourner avant un moment.

Pourtant elle parvint à se trouver une table de libre non loin du feu où elle partit s'installer, retirant son manteau et déposant son arc à côté d'elle. C'était le seul moyen de défense qu'elle possédait si elle se sentait menacer et qu'elle ne tenait aucunement à avoir recours à la malédiction pour se défendre. Elle espèrait en tout cas que cela suffise à dissuader qui que ce soit de s'approcher d'elle, sauf si c'était pour lui demander quelque chose en particulier. La jeune femme attendit donc patiemment qu'il se passe quelque chose dans cette taverne, histoire qu'il y ait un evênement qui promet d'être interassant, ce qui ne tardera sûrement pas à arriver.

Une soirée fraîche, froide même en la ville de Déimos. Une nuit à ne pas laisser un chat voir un chien ou tout autre animal traîner dehors. Vous le retrouverez véritablement frigorifié ou mieux encore disparut volé par une personne ayant plus de ventre qu’autre chose. Heureusement, ce jeune voyageur dont on va vous renseigner maintenant, fut arrivé en ville bien avant la tombée de la nuit. Aodhan traversa maintes contrées s’émerveillant par les découvertes qu’il y fit. Les Nomades alias sa famille depuis la naissance, se tracèrent un chemin qu’ils songèrent sécuritaire. Ainsi, jamais notre jeune homme ne connu d’autres horizons plus époustouflants les uns que les autres. Cette liberté … Oui, elle lui donnait tant. Elle permettait une sérénité en l’être passionné – bien et mal – qu’était Aodhan.

Une taverne, de la musique, des clients et l’alcool coulant à flot. Une soirée parfaite pour tout homme qui se respectait dans ce petit monde de Déimos. L’âtre réchauffait les gens alors que cette chaleur en fit somnoler d’autres aux prises avec l’alcool. Effectivement, on ne sut pas vraiment ce qui prit l’envie à Aodhan de boire trois pintes pleines, mais cela ne lui faisait probablement pas … Encore. Rare fut les fois où les Nomades possédaient de l’alcool pour la grande valeur de cette dernière. De plus, le père adoptif du jeune homme n’appréciait pas trop ce vice qui rendait tout homme respectable en véritable vaurien. Malheureusement, si cela continuait ainsi, Aodhan ferait partit de cette dernière catégorie. Il avait la tête couché sur le comptoir, l’oreille gauche le touchant. Les bruits lui arrivèrent lentement … Trop ? Il ne saurait le dire, car seule l’ouverture de ses yeux démontrait sur ses devants un monde tournoyant. Subitement, une grosse ombre empestant l’alcool – décidément celui-là avait encore plus but que notre ami – se pencha sur le jeune homme. Horreur, son visage de mort, ses cheveux argentés de même que ses yeux rouges accédèrent au visage de cet imbécile. Aodhan était visiblement trop faible pour faire un geste de plus … Avec la probabilité d’être malade dans les minutes qui suivraient. Il se laissa prendre par son vêtement, soulever du sol se rendant peu à peu comte de la situation dans laquelle il se trouvait.

- Heh ! Regardez tous ! J’ai trouvé un démon ! Ohhh ! Il a les yeux en sang …

Fronçant les sourcils, Aodhan voulut subitement se délivrer de la poigne de fer du colosse, mais rien n’y fit. Celui-ci lui lançait ses paroles sur un ton fort, désagréable et on sut réellement l’état actuel de cette personne. Tout à coup, l’homme en ayant certainement assez jeta au sol Aodhan qui, alors que son cœur cogna fort dans sa poitrine, alla s’effondrer sur une table où fut assise une jeune femme aux traits délicats, fins … Une bien jolie femme finalement. Certes, notre jeune homme ne l’a vit pas trop occupé à se relever tremblant de tous ses membres ressentant en plus la nausée comme si ce n’était pas assez.

- Hé ! Bats-toi ! Allez !

Alors que la brute fonça à nouveau sur lui, Aodhan lui attrapa les poignets l’arrêtant brusquement. Certes, pour combien de temps ? Il ne saurait le dire parce que sa force diminuait, l’haleine de cette ignoble ne lui allait pas et il commençait même à l’écraser. Serrant les dents alors que son dos touchait maintenant à la table, Aodhan jura.

- Ts … C’est qui le démon ici ?

Avec une force venant d’on ne savait où, probablement l’adrénaline, Aodhan réussit à assainir un coup de poing à son adversaire. Le jeune homme se releva donc droit, les yeux si meurtriers qu’ils semblaient avoir pétrifié tous ceux observant la scène. Toutefois, la brute n’en avait pas encore terminé. L’homme barbu se releva et frappa de suite notre jeune homme au visage n’ayant put prédire le coup; probablement dut à l’alcool ingéré et le choc premier du combat. Destabilisé, Aodhan s’effondra au sol dos à la table observant, la joue en sang, cet homme. Son corps tremblait de rage, mais en même temps aucun geste ne put être produit. Il reprenait son souffle. Cette atmosphère lourde … Sera-t-elle brisée ?

Alors que Djahina allait abandonner l'idée qu'il n'allait rien se passer dans la taverne, elle l'aurait pourtant parier en raison que les hommes étaient totalement ivres et que dans ce genre de cas, les chances pour qu'il y ait un combat, sont des plus fréquentes. C'est, en tout cas, ce que la jeune femme avait remarqué dans les autres tavernes où elle était allée lorsqu'elle se trouvait dans les précédentes cités. Pourtant, alors qu'elle commençait à remettre son manteau et qu'elle allait prendre son arc, elle vit alors un homme, de dos elle ne pouvait pas dire s'il était jeune ou vieux, se faire saisir par les vêtements par un autre homme, celui-ci avait visiblement un peu trop bu et les chances pour que ça parte en bagarre étaient grandes. Djahina écouta ce que l'homme se mit à crier à l'adresse des autres personnes dans la taverne, ce qui créa un véritable silence de mort. L'homme disait, ou plutôt criait, que celui qu'il tenait était un démon parce qu'il avait les yeux en sang, réflexion qui ne manque vraiment pas de faire soupirer d'exaspération la jeune femme tellement la remarque de l'homme ivre était des plus idiotes. S'il savait qu'il ne tenait pas le bon démon, les choses auraient été bien différentes et un temps soit peu ambarassantes.

S'il y avait vraiment un démon dans la taverne, Djahina l'aurait ressenti par l'intermédiaire du démon qu'elle portait en elle, hors celui-ci n'avait aucune réaction, signe qu'il n'y avait pas la moindre trace de démon dans le coin. Pourtant, malgré qu'elle ait réussi à s'en rendre compte facilement, la jeune femme savait qu'il n'en était pas de même pour les autres personnes présentes dans la taverne. Alors, en plus de devoir expliquer que le jeune homme accusé d'être un démon, n'en est pas un, il va falloir qu'elle le sorte de ce pétrin, même si elle aurait aimé l'y laisser se débrouiller seul. Non, cela serait bien trop cruel et Djahina n'a aucune envie d'avoir un mort ou un demi-mort sur la conscience, en sachant qu'elle aurait pu faire quelque chose pour aider. Alors qu'elle allait se lever pour intervenir, l'homme jeta celui qu'il tenait, qui alla se cogner contre la table où se trouvait la jeune femme, qui eut le réflexe de retenir la table afin que celle-ci ne tombe pas et ne fasse plus de dégâts qu'il semblait y en avoir déjà. Bon sang, qu'il y ait bagarre, elle voulait bien, mais que cela aille à ce point là, Djahina n'était pas sûre qu'elle allait apprécier cette atmosphère très longtemps, surtoût quand il s'agissait d'aider quelqu'un en particulier.

De plus, cela ne s'arrêta pas là, l'autre ivrogne continuait de provoquer le jeune homme qui se relevait et à peine celui-ci fut il sur ses jambes que l'autre fonçait déjà sur lui. La jeune femme ne pouvait pas intervenir tout de suite, pas lorsque les deux adversaires font du corps à corps de cette façon là, elle serait mise rapidement hors combat et elle ne tenait pas à utiliser le pouvoir du démon pour les séparer car cela équivaudré à retirer son collier et laisser le démon prendre les commandes, ce qui n'était pas bon signe du tout. Elle allait donc devoir utiliser autre chose, se contenter simplement de ses compétences quand le démon profitait de sa colère pour faire un peu partie de ce qui va arriver. Djahina ne put donc qu'observer le jeune homme qui retenait le mieux qu'il pouvait l'autre grosse brute qui tenait encore à le frapper, les deux hommes étant presque collés à la table où se trouvait la jeune femme, sans que celle-ci ne fasse quoi que ce soit, se contentant d'observer mais ne se rendant pas totalement compte que ses yeux noisettes prenaient de plus en plus une couleur doré, sa colère ne pouvait pas tenir bien longtemps et les chances pour qu'elle éclate ne vont pas tarder à être donné et seront même très terribles.

Djahina vit alors le jeune homme, qui était dos à elle, envoyer un coup de poing à la brute qui fut écartée de quelques mètres mais la jeune femme savait que cela ne serait pas suffisant. En effet, elle n'avait pas pu prévenir le jeune homme de la contre-attaque de la brute qui le frappa avec violence, le coup n'avait visiblement pas été anticipé trop tôt. Djahina ferma les yeux et serra les poings pour ne pas voir le coup venir et elle ne rouvrit les yeux que lorsqu'elle entendit le corps du jeune homme tombait au sol contre la table où elle se trouvait. Cette fois, s'en était vraiment trop et elle savait que la grosse brute n'allait pas en rester là, que l'homme serait capable de tuer celui avec qui il s'est battu. Avec une discrétion telle que personne ne l'avait remarquée, Djahina s'était saisie de son arc et d'une flèche, dont elle aurait préféré ne jamais se servir mais elle n'avait vraiment pas le choix. Elle ne pouvait pas retenir la pulsion de colère qui lui venait de plus en plus fort, la jeune femme était maintenant sûre que ses yeux étaient d'une couleur doré mais il était trop tard pour essayer de les cacher avec son manteau, elle devait réagir et au plus vite si elle ne tenait pas à avoir à faire un deuxième mort dans cette taverne si elle ne faisait rien du tout.

Alors que la brute allait se saisir à nouveau du jeune homme pour le frapper à nouveau, l'homme se raidit soudain et fit un bon en arrière en poussant un cri de douleur et en se tenant la main, transpercée par une flèche. Tous les regards se posèrent sur Djahina qui s'était interposée entre le jeune homme et le reste des gens de la taverne, ses yeux de couleur doré regardant la grosse brute avec une colère sans nom tandis que l'homme frissonnait de tous ses membres. Pourtant, la jeune femme n'entendit pas le moindre mot "démon" dans la foule, personne ne la suspectait d'en être un, tant mieux d'un côté, elle n'aura pas à tuer qui que ce soit dans cette histoire. La jeune femme restait droite, son regard défiant n'importe qui osant croiser son regard, son long manteau cachant en partie sa longue robe blanche, elle tenait son arc dans la main droite, son carquois posé à sa place initiale dans son dos. Personne ne semblait aussi surprit de voir que c'était une femme qui venait d'intervenir dans la bagarre et c'était bien étrange. Les gens savaient ils donc au sujet des Chasseurs et avaient ils vu que Djahina en était un? Ou bien ne réagissait-ils pas car ils étaient encore sous le coup de la surprise? C'était sûrement cela mais la jeune femme en profita pour dire d'une voix forte:

-De quel droit vous permettez vous de traiter ce garçon de démon alors que vous n'avez aucune preuve qu'il en est un? On ne juge pas les gens sur ce qu'ils sont simplement en les observant physiquement! Je ne permettrai pas à ce que ce genre de situation se reproduise, en sachant que je n'ai pas tiré ma flèche par plaisir mais parce que je ne tenais pas à ce que ce jeune homme se fasse tuer à cause de cette histoire de démon! Est ce que c'est bien compris?!

Personne n'avait encore repris la parole face aux mots de Djahina et celle-ci en profita pour se détourner et s'agenouiller à côté du jeune homme, encore allongé contre la table. Elle lui demanda alors d'une voix plus calme, ses yeux dorés perdant de leurs éclats à mesure qu'elle parlait:

-Est que tu vas bien? Je pourrai peut être t'aider un peu à soigner ta blessure au visage...

Sa tête tournait, sa joue en sang portrait maintenant la même couleur que ses yeux. Oui, cette particularité qu’il détestait tant. Actuellement, celle-ci et bien d’autres encore lui feraient un mauvais partie. Aodhan retournait, tombait, dans son passé; son enfance. Il se battait farouchement contre ses pairs l’insultant d’être un démon, un abominable, un monstre voir toute autre chose sortant de l’imagination des enfants. Ses lèvres se mouillèrent … Cette substance sans réel goût, mais si redoutée. Du sang. Sous ce tatouage rebelle, la blessure paraissait et ce rouge … Oui, ce rouge que tous croyaient – ou presque – démoniaque ici même ce soir se laissa couler le long de la joue. Aodhan ne fit rien pour l’en arrêter. Il n’en fut incapable, trop faible. Et puis, de toute manière, ce n’était pas comme s’il perdrait tout son sang. L’homme se remit à rire; une véritable brute ainsi sous les effets de l’alcool. Sortant de ses songes un instant, Aodhan se demandait si cela s’améliorait sans bière ou vin. Non n’est-ce pas ? Un mince sourire parcourut le bas de son visage. Ceci ne plut pas à l’adversaire.

- Alors, tu souries encore heh ! Tu es bien un démon ! Attends !

Le cœur du jeune homme se mit à battre fortement comme à chaque fois où il rencontrait un adversaire lui fonçant dessus à grande vitesse. L’adrénaline prit partie aussi. Malgré tout, Aodhan avait le crâne en feu sans compter que toutes ces odeurs, celle du sang voir son goût …

Subitement, son regard s’ouvrit tout grand. Surpris véritablement, Aodhan ne vit que la flèche plantée dans la main de cet imbécile saoule. Lentement, notre cher jeune idiot – hrm – leva les yeux observant une jeune fille à ses côtés, un arc entre les mains. D’un côté, elle fut très belle et embellit subitement la soirée d’Aodhan. D’un autre … La fierté du jeune homme était grande et les paroles prononcées par celle-ci … Comme si elle devait le protéger à la manière d’une mère … Aodhan baissa le regard en direction du sol désirant disparaître pour toujours de cet endroit … De cette taverne. La nervosité prit le dessus et ne pouvant éviter ce regard magnifique, le jeune homme l’observa tout le long que la jeune fille lui parlait directement.

- Non … Ça … Ça va …

Que d’émotions pour notre jeune homme. En plus là, il allait devoir sortir pour éviter que sa fierté tombe à zéro dans la cité de Déimos. Il allait être malade pour sûr. Tremblant de ses jambes, Aodhan reprenait sa respiration tout en se remettant debout. Incapable de parler pour cause plus physique qu’autre chose, il se dirigea vers la porte tranquillement fixant uniquement se point tenant son ventre lui donnant d’horribles crampes. On tenta de le faire tomber, mais grâce au ciel, Aodhan se rattrapa – piteusement, il allait sans dire – au cadre de la porte. L’homme rigola de son coup alors que sa cible sortit en courant de la Taverne. On croyait alors que les gens voleraient l’arc et les flèches de notre jeune homme parlant de cette histoire toute la soirée voir au-delà.

Aodhan n’y pensa pas. Il allait vomir toute ses consommations dans un tonneau contenant on ne savait quoi. Certes, l’on espérait que le tavernier n’en aurait pas besoin de ci-tôt. Hrm. Enfin, le jeune homme s’effondra dans la neige sous une fenêtre de la taverne. Le froid lui fit un grand bien. Aodhan ferma les yeux respirant lentement tentant de reprendre contenance. C’était difficile, mais au moins, maintenant il se sentait beaucoup mieux physiquement. Il songeait à cette jeune fille … Ouvrant les yeux, peut-être qu’elle … Oh non ! Elle serait restée à l’intérieur. Maintenant, il lui fallait y retourner aussi pour chercher son arme.

- Je déteste cette ville.

Un murmure sadique presque retentit entre ses dents. Aodhan laissa son regard vagabonder dans la nuit noire. Il se fichait totalement des gens qui pouvaient l’observer.

Bon, au moins une chose rassurait Djahina, c'est que le jeune homme semblait aller bien, même si elle doutait que cela dure longtemps entre la blessure qu'il avait à la joue ainsi que le fait qu'il ait consommé de l'alcool, chose pas très recommandable lorsqu'on est encore jeune et qu'on ne tienne pas encore ce genre de boisson. La jeune femme n'avait encore jamais touché à l'alcool, de peur de ne pas apprécier le goût et aussi parce que cela lui apporterait plus de mal que de bien franchement. Elle n'avait donc pas vraiment interêt à y toucher si elle ne tenait pas à avoir quelques problêmes après, elle laissait cela aux hommes, qui semblaient plus apprécier que les femmes, tant mieux d'un côté. Cependant, c'était l'ambiance et les conséquences de l'alcool qui ne donnait aucune envie à Djahina de vouloir boire cette boisson, en sachant que cela finissait toujours en bagarre pour un oui ou pour un non, elle était assez bien placée pour le savoir étant donné qu'elle avait suffisament voyagé pour commencer à parler en connaisseuse. Et il était malheureusement très rare qu'elle intervienne pour aider certaines personnes en difficulté en raison qu'ils étaient ivres en peu de temps et que les bagarres commençaient quelques instants après. C'était donc la toute première fois qu'elle utilisait son arme afin de protéger quelqu'un, de son âge certes mais en même temps, ce jeune homme était accusé injustement et elle ne pouvait pas laisser passer cela tout de même.

En sachant qu'elle portait elle même un démon dans son corps, Djahina savait reconnaître quelqu'un qui en possédait un aussi, ce qui n'était pas le cas du jeune homme. Tout en lui demandant s'il allait bien, la jeune femme ne pouvait s'empêcher d'observer son interlocuteur et n'éprouva pas la moindre peur à le regarder, son regard était le même que si elle s'adressait à quelqu'un comme les autres, chose qui déconcerta encore plus certaines personnes dans la taverne mais Djahina n'y prêta aucune attention, se concentrant seulement sur le jeune homme. Elle eut un énorme doute lorsqu'il lui déclara que ça allait, son état semblait dire le contraire de ce qu'il tentait de convaincre, ce qui n'échappa pas à la jeune femme qui ne dit rien malgré tout. Elle comprit d'un côté qu'il cherchait à protéger sa fierté, qui en avait pris un sacré coup en une seule soirée, elle en était sûre et certaine là-dessus et cela l'exaspéra légérement, bien qu'elle se doutait que c'était à peu près ce que tout les hommes cherchaient à avoir. Les hommes...Djahina ne cessait de s'interroger sur eux, bien qu'elle les haïssait et les craignait par la même occasion, et n'arrêtait pas de se demander la différence qu'il pouvait y avoir entre elle et les hommes, hormis le fait qu'ils étaient opposés. Et de toute façon, elle n'avait pas l'impression qu'elle aurait les réponses tout de suite, c'était impossible même si cela faisait plusieurs années qu'elle cherchait à percer tous ce mystère, sans parvenir à avoir la moindre réponse.

Djahina se redressa lentement, en même temps que le jeune homme se levait en tremblant et avec une certaine difficulté. Elle aurait aimé l'aider mais elle ne pouvait malheureusement pas faire grans chose pour lui, ce qui la rendit un peu inutile sur le coup. La jeune femme le laissa sortir tout en posant un regard tranchant sur les autres membres de la taverne, si l'un d'eux cherchait à intervenir, Djahina n'hésitera pas à riposter à sa façon et il était donc déconseillé d'essayer quoi que ce soit avec elle. Elle ne pouvait cependant pas empêcher certains des hommes d'essayer de faire tomber le jeune inconnu, il était encore un inconnu pour elle, pendant que celui ci sortait. L'ambiance était vraiment devenue silencieuse sur le coup mais personne n'avait encore cherché à prendre la parole ou n'osait croiser le regard de Djahina, ce qui était tant mieux d'un côté, la jeune femme se retenait de ne pas se mettre de nouveau en colère, elle ne tenait pas à donner plaisir au démon qu'elle portait. Quoi que...cela aurait été bien drôle que la jeune femme laisse un peu le démon se débrouillait et s'amusait avec les gens de la taverne, cela leur servirait de leçon mais Djahina savait qu'elle serait morte en même temps car elle était tout de même dans une cité, avec bon nombre de personnes autour d'elle, dont des hommes, qu'ils soient à moitié ivres ou ivres tout court, il fallait les craindre. Donc, à la grande frustration du démon, la jeune femme laissa son collier à sa place et garda son calme sans problême.

Elle posa alors son regard sur l'endroit où se trouvait le jeune homme et remarqua qu'il avait laissé son arc et ses flèches et elle doutait fortement qu'il revienne avec ce qu'il s'est passé. Djahina, tout en gardant son arme dans une main, récupéra celle du jeune homme avec l'intention de lui rendre s'il n'était pas déjà parti. Elle se dirigea vers la porte, ignorant les regards posés sur elle, regards toujours effrayés pour certains et lourds de menaces pour d'autres dont il vallait mieux ne pas se préoccuper vraiment. Lorsque la jeune femme sortit dehors, le froid vint mordre sa peau et elle frissonna sur le coup, se couvrant le mieux qu'elle pouvait de son manteau. Il ne lui fallut heureusement pas longtemps pour retrouver le jeune homme qui s'était assis à côté de la taverne, ne semblant pas tenir vraiment compte de la neige qui tombait encore et du froid qui était très présent à l'extérieur des bâtiments. Malgré la nuit noire, Djahina le vit ouvrir les yeux, ces yeux étonnament rouges mais que la jeune femme trouvait beaux et fascinants à la fois, sans qu'elle ne puisse penser à autre chose d'autre. Serait elle donc...non impossible, elle n'avait réagi dans la taverne que pour protéger le jeune homme et non pour une autre raison. Elle n'avait, de toute façon, pas l'intention de rester de marbre alors que le jeune homme avait eu besoin d'un peu d'aide, même si cela avait touché la fierté de celui-ci. La jeune femme savait qu'il lui était reconnaissant malgré tout de ce qu'elle avait fait pour lui, du moins, c'est ce qu'elle espèrait.

Ne sachant pas si le jeune homme s'était apperçu de sa présence, Djahina posa l'arc et les flèches à côté de l'inconnu et s'assit délicatement à côté de lui. Contrairement au fait que certaines personnes pensaient que le jeune homme était un démon, la jeune femme savait qu'il n'en était pas un et, d'un côté, cela la rassurait pleinement car elle ne voulait pas trouver d'autres personnes porteurs de démons. En effet, bien qu'ils soient rares, Djahina savait qu'ils existaient et qu'ils pouvaient s'avérer bien plus dangereux qu'elle car ils ne possèdent certainement pas la même conscience qu'elle, préférant sûrement que poser des malédictions était une preuve de puissance. C'était pour cela qu'elle les détestait eux aussi, peut être davantage que les hommes eux même, bien que sa méfiance soit extrémement grande. Tellement perdue dans ses pensées, la jeune femme ne se rendait pas compte que ses yeux reprenaient une couleur doré, ils ne prenaient cette couleur que lorsqu'elle était en colère, triste, inquiète, gênée ou qu'elle songeait un peu trop à une personne en particulier. C'était assez pénible car cela permettait de deviner facilement ce qu'elle pouvait ressentir et lorsqu'elle parvenait à cacher ses émotions physiquement, ses yeux la trahissait à chaque fois. Et à ce moment là, c'était justement ce qui était en train de se passer pour la jeune femme parce qu'elle ne cessait de se poser des questions au sujet du jeune homme qu'elle avait sauvé alors que, normalement, c'était censé être un geste anodin.

Djahina finit par dire, d'un ton calme, bien que ses yeux trahissait sa gêne:

-Je ne crois pas ce qu'on dit les gens à ton sujet, tu es très loin d'être un démon. Dans tout les cas, je l'aurai ressenti si tu étais porteur d'un démon, je ne t'aurai pas aidé et si c'était le cas, je t'aurai tué de mes mains après...Les démons ont détruit ma vie, je me dois de les détruire eux aussi.

La jeune femme se redressa agilement et posa son regard doré dans les yeux rouge sang du jeune homme avant de reprendre la parole:

-Ne va pas t'immaginer non plus, que j'ai fait cela pour mettre à zéro ta fierté, chose que je déteste le plus chez un homme. J'ai fait cela parce que tu en avais besoin et dans tout les cas, j'aurai été quelqu'un d'autre, j'aurai agi de la même façon...je m'appelle Djahina et toi, qui es tu?

La neige … Le froid

Subitement, actuellement Aodhan aimait cette sensation sur toutes les parties de son corps. Les mains, les doigts griffus se retrouvaient posés près de lui … Calmement, le jeune homme tentait de ressentir le froid qui le calmait. Il respirait longuement. On le voyait bomber le torse à chacune des inspirations prises. Ses cheveux argentés ? Oui, ils se reflétaient par les astres, aussi par la lumière que rejetait la fenêtre de la Taverne vers l’extérieur. Les oreilles étranges d’Aodhan n’entendirent plus un son si ce n’était que des pas, des murmures. Tout le monde devait discuter de lui maintenant.

- Pff … Qu’ils le fassent. Je n’en ai rien à faire.

Fermant à demi les yeux, le jeune homme les ouvrit aussitôt au son de craquements dans la neige. Un mouvement de vêtement se fit entendre aussi. Quelque chose qui calma Aodhan déjà assez fatigué, éreinté par sa journée, son combat puis le fait qu’il fut malade n’aida absolument pas. Sa tête tourna le regard sur la jeune femme. C’était celle qui l’aida gentiment … Ou pas. Ouf ! Aodhan se rappela que trop bien la flèche entrer dans la paume de main de la brute ivre. Justement, où en était-il lui ? Aucune idée et cela ravissait notre jeune de penser voir cet idiot blessé. Certes, il gardait un visage neutre … On ne parvenait pas à voir la conséquence des battements de cœur qui augmentèrent un peu sur le visage d’Aodhan. Il leva sa main pour la poser sur son arc observant machinalement ce dernier pour reprendre le visage de la jeune femme.

Ces cheveux descendant en cascade autour de sa tête … Habillée avec féminité, belle. Un regard profond, des lèvres pulpeuses. Ce collier magnifique. Cette personne était tout simplement trop belle pour être réelle. Non ! Aodhan devait rêver et il allait bien se réveiller dans un tas de neige où personne ne se trouverait à ses côtés. La vie ne vous permettait point de rencontrer des Anges voyons. Pourtant, les cauchemars et les rêves ne se mélangeaient pas chez cet être. Le beau n’allait pas avec l’ivrogne. Alors, ce n’était pas un rêve …

- Les démons existent … Vraiment ?

Fronçant les sourcils, Aodhan se releva plutôt intrigué, l'air surpris, par les derniers mots de la jeune femme. Sur ses coudes, laissant tomber la neige sur sa tête, il ne put continuer à ajouter des mots. Aucun autre murmure rauque, car sa voix suave et plus ou moins grave était enrouée à cause de l’alcool précédemment et son vomissement.

La belle ange parla à nouveau semblant l’insulter. En tout cas, Aodhan le prit de cette manière. Après tout, la rose est si belle, mais ses épines piquent tout être s’en approchant trop. Aodhan s’approcha effectivement trop de celle-ci et se fit piquer … Pourtant, elle s’excusa paraissait-il tout en apportant restant directe envers lui. Elle lui dit même son nom; Djahina. Pourquoi ce prénom lui fit tourner la tête ?

- Aodhan

Il parla plus fort voir trop peut-être. Aodhan voulut se faire entendre, mais en même temps, son esprit, son cœur, son ventre ressentait autre chose. L’émotion lui fit parler trop fort. Certes, il ne s’en rendit pas compte ne pensant strictement pas avoir fait peur à la jeune femme. Mais quel être égoïste. Peu importe, inconfortable dans sa position, Aodhan s’assit et remonta ses genoux pour y poser les bras.

- Je sais que je ne suis pas un démon. Je pensais qu’ils n’existaient pas, mais pourquoi toi tu dis que les démons ont détruit ta vie ?

Un ton impatient, exaspéré peut-être … Si légèrement. Après tout, Aodhan était un être calme, tranquille. Le regard perça à nouveau celui de Djahina puis, descendit sur le collier. Ce bijou était réellement magnifique. Une telle pièce ne devrait pas être portée si ouvertement. En tout cas, pour une voyageuse, une paysanne … En tout cas, Djahina ne semblait pas avoir de sang noble.

- Pourtant, vous ressemblez plus à un Ange … Je veux dire pour m’aider moi …

Ouf, il se reprit très rapidement sur ce coup-là. Dans un rêve, il fut dans un songe. Caractériser cette jeune femme entourée de petits flocons d’Ange … Mais pourquoi ? Certes, baissant la tête, Aodhan parla beaucoup plus rapidement après son cœur se serra de honte, de gêne. Machinalement, il observait ses pieds. Hm, ses bottes, car celles-ci étaient encore moins intéressantes que les premiers … Ils étaient griffus tout comme les doigts.

Djahina doutait qu'avoir parlé du cas que les démons avaient détruit sa vie, ait été une très bonne idée car elle avait le sentiment que le jeune homme allait l'interroger au sujet des démons. Personne n'a jamais vu un seul démon car ceux-ci avaient disparu plusieurs siècles auparavant et bien avant que les humains ne deviennent vraiment civilisés, c'est du moins ce que la jeune femme était sûre. Après cela, les démons ont commencé à regagner leur monde mais quelques uns sont parvenus à rester dans le monde des Humains et en profitaient pour posséder les gens, leur faisant faire des choses contre la volonté des possédés, qu'ils trouvaient vraiment très faibles et faciles d'accès. Après cela, ces hommes devenaient extrémement violents et passaient leur temps à se battre, à maudire les gens et mettre plusieurs endroits à feu et à sang. Les seuls moyens pour que le démon disparaisse ou pour que l'on puisse redevenir maître de soi-même, c'est de porter un objet qui pourrait être de valeur et qui avait appartenu à quelqu'un qui nous était cher. C'était, à la connaissance de Djahina qui était porteuse d'un démon et qui parvenait à garder sa raison, le seul moyen pour échapper à l'emprise des démon sur les gens. Elle ne savait pas encore comment s'y prendre pour tuer un démon car si on tuait un des possédés, le démon pourrait toujours s'enfuir, à moins qu'il soit bloqué dans le corps qu'il a possédé, mais cela serait tuer une vie innocente et c'était ce que la jeune femme avait le plus grand mal à s'y faire. Elle n'avait jamais tué personne, sauf son père autrefois, lorsqu'elle était tombée sous l'emprise du démon de la malédiction de l'eclipse et qu'elle s'était mise à le maudire pour ses actes envers elle.

Donc, ce n'était pas vraiment de bonnes choses à raconter et Djahina hésita à parler de tout cela au garçon qu'elle avait aidé. La comprendrait-il vraiment? Aurait-il peur d'elle si elle lui disait qu'elle avait été possédé quand elle était plus jeune? Elle l'ignorait et cela lui faisait vraiment peur sur le coup, sans qu'elle puisse faire quoi que ce soit. Pour une fois, peut être dans toute la vie qu'elle a vêcu jusque là, la jeune femme pourrait faire confiance à un homme, même si elle devait constament se méfier d'eux car elle ne savait jamais s'ils étaient sincères avec elle ou non. Heureusement, c'était une de ses qualités, elle savait être directe et savait reconnaître le vrai et le faux dans les paroles des gens avec qui elle parlait, peu importe que cela soit des femmes comme des hommes. Mais là, entre ce qui est arrivé dans la taverne avec le jeune homme qui était accusé d'être quelqu'un de démoniaque et qu'il avait eu des ennuis malgré son innocence, Djahina avait le sentiment qu'elle pouvait lui faire confiance. A moins que le démon qu'elle portait ne lui joue encore un de ses mauvais tours pour lui créer de faux espoirs et la mettre en colère contre le jeune homme, ce qui n'était pourtant pas le cas au grand étonnement de la jeune femme. Maintenant, il restait à voir si elle parlerait d'elle ou pas et si elle avait suffisament de confiance en elle et envers son interlocuteur pour lui dire, ce qui était encore un vrai doute pour la jeune femme. Tout en restant dans ses pensées, Djahina réfléchissait et observait le jeune homme qui avait posé la main sur l'arc que la jeune femme avai pensé à récupérer avant de sortir de la taverne, tant mieux d'un côté. En tout cas, elle avait la preuve qu'elle n'était pas la seule archère et cela lui plu beaucoup.

La jeune femme sortit de ses pensées lorsque le jeune commença à lui demander si vraiment les démons existaient. Il semblait très surpris et montra une certaine curiosité dont très peu de personnes faisaient preuve malheureusement ces temps-ci, sans doute parce que pratiquement personne ne pensait que les démons avaient réellement existé. Pourtant, ils étaient bien là mais ne possédaient pas vraiment de forme et préféraient se cacher dans des endroits où les Humains ne sont jamais venus afin de ne pas se faire remarquer. Ils ne se mettaient à agir dans la vie des gens qu'après cela, lorsque les soupçons sur eux n'existaient pas et qu'on ne pouvait pas se douter de leurs présences en ces lieux. Dans tout les cas, Djahina savait que la question allait être posée à un moment ou un autre et qu'elle serait très certainement obligée d'y répondre pour qu'elle puisse confirmer les doutes de certaines personnes. Elle ne répondit pas tout de suite à la question, se demandant ce qu'elle pourrait dire pour expliquer la présence des démons, sans pour autant avoir à révéler qu'elle portait un démon à cause d'une malédiction qui la touchait depuis qu'elle était née. Ce n'était décidément pas facile du tout et elle ne savait vraiment pas par quoi et par où commencer dans ses nombreuses explications qui ne lui semblaient pas très concluantes malgré tout ce qu'elle savait à peu près sur les démons. Pourtant, elle se sentait obligée de le faire car elle ne supportait pas de cacher quoi que ce soit, même si elle mentait à tous le monde en taisant le démon qu'elle portait, de plus la jeune femme avait remarqué que l'inconnu était très intriguée par ce qu'elle avait dit et il n'allait certainement pas la lâcher aussi facilement qu'elle l'espèrait.

Après qu'elle lui ait fait la remarque sur la fierté des hommes qu'elle ne supportait pas vraiment chez eux et qu'elle s'était présentée en donnant son nom, le jeune homme se présenta à son tour. Il s'appelait dont Aodhan, ce ne fut pas son prénom qui la fit un peu sursauter mais le ton du jeune homme qui avait parlé plutôt fort, trop au goût de Djahina mais elle n'allait pas lui faire de remarques là-dessus. Elle remarqua qu'il se comportait assez bizarrement avec elle, pas à cause de l'alcool qu'il avait dû boire car il avait toute sa lucidité lorsqu'il lui parlait, c'était plutôt une certaine gêne qu'il ne cachait pas aussi facilement qu'il l'aurait voulu. C'était à peu près la même gêne qu'elle ressentait dès le moment où elle lui a adressé la parole après avoir tiré sur l'homme de la taverne avec qui Aodhan s'était battu à cause de cette histoire de démons. Djahina continua d'observer le jeune homme de son regard qui était de nouveau passé à sa couleur normale, avant qu'Aodhan ne reprenne la parole en disant qu'il savait qu'il n'était pas un démon, qu'il pensait au départ qu'ils n'avaient jamais existé. Il lui posa une autre question, lui demandant pourquoi elle disait que les démons avaient détruit sa vie. S'il savait vraiment...La jeune femme comprit qu'elle allait être obligée de parler, même si cela ne lui faisait pas tant que cela plaisir, elle n'avait vraiment pas le choix et puis, peut être pourrait elle parler de la moitié de son secret, sans pour autant révéler qu'elle avait un démon dans son corps, qu'elle parvenait à contrôler et à emprisonner grâce au collier qu'elle portait. Qui sait...? En tout cas, le ton impatient et exaspéré d'Aodhan lui avait fait clairement comprendre qu'il voulait vraiment des explications et des réponses à ses questions.

Djahina remarqua alors que le jeune homme l'avait d'abord fixé avant de regarder le collier qu'elle portait autour de son cou, ce qui créa le réflexe habituel de la jeune femme qui fut qu'elle posa sa main sur le pendentif et le serra dans sa paume. Son collier était bien trop beau pour appartenir quelqu'un de bas rang mais Djahina se souvenait que ce collier avait traversé de nombreuses générations et que sa mère, même si elle n'était pas morte naturellement, le lui aurait donnée car ce bijou se transmettait de mère en fille. Cet objet était digne d'une princesse et la jeune femme était sûre, bien que sa mère ne lui ait jamais avoué, que les précédentes générations appartenaient à la noblesse, cela expliquerait pourquoi elle avait en sa possession un tel bijou. Alors qu'elle était à nouveau perdue dans ses pensées, Djahina entendit Aodhan lui dire qu'elle ressemblait plus à un ange, pour l'avoir aidé lui, en tout cas. Cette remarque surpris et amusa la jeune femme qui ne put retenir un léger rire devant les paroles du garçon, qui pensait sincèrement chacune des paroles qu'il avait prononcées, une qualité que la jeune femme ne voyait pas chez tous les hommes. Devant son air très ambarassé, elle tenta de calmer son rire et d'essayer plutôt de lui dire qu'elle trouvait son compliment vraiment gentil mais que, malgré tout, elle était bien loin d'être un ange pour plusieurs raisons. La jeune femme sourit gentiment, bien qu'Aodhan ne s'en rende pas compte car il avait baissé la tête et Djahina s'assit à son tour sur le sol, juste en face de son interlocuteur. Elle voyait très clairement qu'elle ne pourrait pas capter son regard de nouveau en insistant avec le sien de regard mais en lui parlant, c'était la seule solution possible. Elle finit par déclarer d'une voix très douce:

-Tu n'as aucune honte à me dire que je suis un ange, tu es même la première personne à me faire un compliment sur moi. Cependant, je suis pourtant bien loin d'être un ange: mon geste à la taverne est une preuve mais il y a aussi autre chose...quelque chose dont je n'ai jamais parlé tellement ce moment m'a beaucoup faite souffrir. C'est arrivé il y a deux années, je n'avais que dix-huit ans à ce moment là et en quelques minutes, ma vie a été détruite...Je pense que je dois d'abord te donner une explication sur les démons pour que tu comprennes mieux la situation.

Djahina se tut un court instant puis elle reprit la parole assez rapidement:

-Les démons existent réellement mais ils ne sont plus aussi nombreux qu'avant, c'est pour cela qu'on ne parlait plus d'eux. Aujourd'hui, un démon ne se manifeste que par une malédiction ou lorsqu'il croise quelqu'un avec une grande colère ou une vulnérabilité très grande. C'est ce qui m'est arrivé et ce qui est arrivé à ma famille aussi. Mon père prétendait que j'étais porteuse d'une malédiction et qu'il voulait me tuer dès ma naissance, chose dont ma mère s'est opposée. J'ai été mise à l'écart du monde pendant plus de six ans lorsque j'étais encore petite, je devais avoir cinq ou six ans à peine. Seule ma mère continuait à s'occuper de moi et elle s'occupait en même temps du reste de mon éducation, c'est d'ailleurs elle qui m'a révélé l'histoire des démons et leur existence. Pour la suite, c'est assez simple, mon père s'est longtemps absenté et ma mère a profité de l'occasion pour me libérer de ma cage et elle m'a apprise à manier l'arc, dont elle était très douée, et j'ai aussi appris à monter à cheval. Cela a duré près de six ans jusqu'à ce que les démons arrivent, en même temps que mon père...Mon père, qui s'est retrouvé possédé par l'un des démons qui lui a fait commettre un horrible geste: celui de tuer ma mère. Quand à moi, j'ai été possédée peu de temps après et le démon a fait en sorte que je maudisse mon père pour ce qu'il m'a fait durant toute ma vie. C'est grâce au collier que je porte que j'ai pu chasser le démon qui m'habitait mais il est parti en me laissant de mauvaises choses: suivant mes sentiments, mes yeux prennent une couleur doré, je peux facilement me mettre en colère et cela peut être destructeur pour les gens de l'entourage. De plus, s'il arrive que je retire le pendentif, qui appartenait à ma mère avant, les chances pour que le démon reviennent sont grandes.

Au fond de son être, Djahina entendait le démon ricaner de mépris pour elle qui avait en partie menti dans cette histoire, bien qu'elle ait révélé en partie son passé qu'elle cherchait tant à oublier. La jeune femme, ignorant l'amusement du démon, posa à son tour une question:

-Mais toi? Depuis combien de temps les gens prétendent que tu es un démon?

Elle semblait … Distante. Faible ? Un bien grand mot pour caractériser cette rencontre fortuite. Pour décrire la jeune fille qui se tenait, assise maintenant, auprès de lui. Il ne pourrait pas réellement caractériser Djahina de faible. Non, bien au contraire. La vision de la flèche transperçant la chair de cet ivrogne lui revenait soudainement en tête. Toute personne faible n’aurait jamais agit comme cela. À l’évidence, tout faible n’aurait même pas eut une petite réaction que celle de se feindre dans le décor. La lâcheté était une attitude qu’Aodhan abhorrait entre autre chose. Ceux qui n’étaient jamais capable d’affronter un simple petit problème alors que lui vécu une vie remplie d’obstacle. Pitoyable ! Il en vit évidemment. Ces gens qui se retrouvaient dans la taverne actuellement. Certains … Cet ivrogne incapable de s’en prendre à ses propres problèmes, ses propres erreurs insultant et battant un autre différent de lui pour sembler plus fort. Tss ! Aodhan n’eut aucune crainte de le battre celui-là. S’il avait été en meilleure posture physiquement, cela ferait longtemps que l’homme serait au sol dans une marre de sang.

Oui, parfois, notre cher jeune homme avait une difficulté extrême à contrôler ses émotions. Heureusement, Djahina ne fit rien pour les extraire de son esprit, de son corps. Étrangement, Aodhan ne voudrait pas faire le moindre mal à cette fille. Oui, il restait polit en tout temps surtout avec les dames. Seulement, celle-ci; c’était différent. Elle lui avait sauvé d’une graver blessure, mais pourtant … Il y avait autre chose qui transportait notre jeune homme. Il releva la tête surpris par les paroles de la jeune fille. Comment ne put-elle jamais recevoir de compliments ? Elle n’avait rien de monstrueux comme lui.

- Qu …

La gêne l’empêcha de dire quoique ce soit. Il pencha la tête vers le sol assimilant ce que Djahina lui avouait. Elle lui parlait ouvertement de sa vie. Fronçant les sourcils, Aodhan entendit finalement parler des démons. Cette belle jeune fille fut donc maltraitée pour avoir été pensée possédée par un démon … Ce qui s’avéra vrai au final. Ses parents furent … En tout cas, sa mère par les mains de son père. Le jeune homme releva la tête observant longuement, et non machinalement, le collier qui était cher à la jeune fille. Elle mit sa main dessus préalablement donc ce fut, déjà, juste.

- Cela éloigne le démon.

Toujours dans la même position, Aodhan murmura ces paroles pour lui-même. Une bourrasque de vent le fit frissonner, mais il tenta vainement de ne pas le laisser paraître. Alors, les démons existaient réellement et ce magnifique bijou éloignait l’un d’entre eux. Étrangement, Aodhan se sentit observé. Il ne tournait pas la tête ne bougea pas, mais restait tendu. Peut-être que le démon l’observait lui en ce moment même. Certes, il observait plus Djahina désirant ardemment entrer en elle … Attendant le moment propice. Fronçant les sourcils, le jeune homme se passa une main dans les cheveux soupirant. Tout ceci était fort complexe et n’avait aucun sens … En tout cas, avant de l’entendre de la bouche de la jeune fille. Elle semblait si sérieuse, sereine. Certes, elle avait beaucoup souffert. Machinalement, il secoua d’une manière lasse la tête passant la main maintenant sur sa joue. Le sang s’éparpilla sur toute la joue passant sur le tatouage. Aodhan répondit finalement à la question de Djahina.

- Je ressemble à un démon … Depuis ma naissance. Je n’ai jamais connu mes vrais parents, mais mon père m’a dit qu’il m’a trouvé près d’une rivière et que j’étais en flammes.

Une exclamation de rire sortie en un souffle glacée de la bouche d’Aodhan. Oui, là Djahina allait s’inquiéter pour, s’en était certain. Baissant les jambes pour qu’elles se retrouvent dans la neige, il regarda la jeune fille de ses yeux rouges. Son sourire s’estompait peu à peu.

- Oui, cela ne fait probablement pas partie de mes petits problèmes. J’ai un contrôle sur le feu et à ce qu’on raconte d’autres personnes auraient ce genre de magie … Mais toi, ça va ? J’avoue que ce que tu m’as raconté, je me rends maintenant compte que ma vie c’était une partie de plaisir.

Un autre sourire puis, un rire après sa première pause. Aodhan parla dans une neutralité des plus parfaites. Il ignorait jusqu’à tout récemment d’autres personnes pouvant manipuler des éléments physiques comme le feu. Toutefois, sa curiosité eut le dessus sur lui … Peut-être aussi le fait qu’il transpirait juste à regarder Djahina et que le regard de la jeune fille le mettait à l’aise. Déglutissant, malgré le froid, il fit des formes machinales avec ses doigts dans la neige. Comme pour démontrer que tout allait bien et qu’il ne faisait pas de malaise … Hrm.

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